- Tu fais quoi ?
- J'écris un bouquin sur les superstitions du passé.
- Comme quoi ?
- Les Romains mettaient des pénis partout, ils pensaient que ça portait bonheur. Et je ne te parle pas des sacrifices d'animaux à la moindre occasion.
- C'est vraiment ridicule.
- Oui, hein ?
- Tu viens toujours le lundi de Pâques ?
- Oui, oui. Tu habites toujours à Saint-Sauveur ?
- Rue du Presbytère. Tu tournes à droite après le calvaire et tu te gares devant la statue de la Vierge.
Cela faisait une décennie qu'Eulalie nous parlait de son projet sans nous en dévoiler les détails. Lorsqu'elle baissait sa garde, elle se vantait de bientôt « révolutionner la Science » mais elle avait toujours refusé d'en dire plus. Je fus donc surpris de recevoir, il y a quelques semaines, une invitation à assister à son inauguration.
La présentation avait lieu un soir de mars glacé. En arrivant, je remarquai que je n'étais pas le seul à avoir répondu présent. Une dizaine d'anciens camarades d'université ainsi que quelques collègues, tous des physiciens renommés, étaient installés dans le vaste salon d'Eulalie. J'étais un des derniers arrivés, aussi la présentation commença au moment où j'achevai de me servir une tasse de thé.
- Chers amis et estimés collègues, je suis heureuse de vous voir réunis ici ce soir. Ce que vous allez voir aujourd'hui sera, à n'en pas douter, un événement majeur dans l'Histoire humaine ! Après des années de travail, j'ai enfin mis au point le prototype de ma machine : le chronoscope ! Ce soir, nous allons pouvoir observer ce qui va arriver dans plusieurs millions d'années, en direct sur cet écran !
Elle désigna ce qui m'avait semblé être un vulgaire écran de télévision, suscitant déjà quelques rires.
- Vous vous moquez, mais vous serez bien obligés de considérer sérieusement les calculs que j'ai fait. En attendant, je vous propose un jeu : quelle espèce, selon vous, dominera la planète dans 50 millions d'années.
Sans trop y croire, nous lançâmes les paris. Les plus optimistes optèrent pour l'humain, d'autres pour le rat ou la fourmi comme prétendants au trône de l'évolution. Finalement, tout le monde ayant parlé, Eulalie mit en marche son appareil.
À l'écran apparurent des êtres glâbres, hauts d'un mètre, possédant un appendice ressemblant à un bec d'oiseau, des mains palmées, parfois habillés au niveau du tronc. Tout en eux rappelait l'ornithorynque, et cette vision laissa l'assistance songeuse et muette.
Il semblerait qu’elle pourra complètement entrer dans la bulle au bout d’un an.
Elle peut sans soucis passer d’un monde à l’autre. Mais il y a tellement de choses à faire entre ces deux mondes. Elle est bien occupée à essayer de tout comprendre.
C’est si différent !
Mais la différence est si riche pour qui désire bien regarder.
Elle a d’ailleurs beaucoup de chance, elle passait déjà de ce monde au sien, sur le dos d’un mammouth !
Ce mastodon qui lui a tant appris !
Fin
#mercredifiction
Elle était donc là, à regarder cette bulle, comme plein d’autres de sa planète ou de ce monde étrange. À force, elle avait tissé des liens avec certains de ces étranges habitants. Elle leur faisait des coucous, leur envoyait des bisous. D’autres auraient pu trouver ça stupide, mais pas elleux. Ielles l’ont aimé pour qui elle était, avec ses doutes et ses ignorances. Et puis ielles l’ont contactée. Elle s’est appuyée à la bulle et un morceau d’elle y est entrée. Étonnement !
(2)
Elle les regardait dans ce monde un peu à part du sien. Iels faisaient des trucs et des bidules et causaient parfois avec un langage peu compréhensible. Des bulles de savoir, parfois de partage.
Tout cela lui semblait si étrange au début !
Il y avait une bulle qu’elle aimait particulièrement, une parmi d’autre, qui partageait ses connaissances, l’adaptait pour que des gens comme elle, puissent faire des choses.
C’était magique. Comme si un peu de ce savoir se distillait.
(1)
(5 pouètes en tout)